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PROHIBÉ

- 2021

- projet de scénographie pour la compagnie de cirque équestre Jehol

- dossier de production

- recherches et expérimentations

- maquette d'étude

- résidences de création (au Haras National d'Hennebont, de Besançon et à Villers-sous-Chalamont)

- projet non réalisé

       L’idée de cette création est de mettre en tension la subjectivité du spectateur en proposant un spectacle à double entrée, en déplaçant les codes de la visibilité frontale et unilatérale des spectateurs. Il s’agit de concrétiser par la représentation, la confrontation de deux points de vue sur une même problématique : celle de la place du vivant, et particulièrement du cheval dans les sociétés contemporaines.

 

       Prohibé est une réflexion en mouvement qui met en perspective la prohibition progressive du vivant des arts de la scène et le rapport de fascination que le vivant persiste à incarner dans notre imaginaire collectif : le spectacle met en lumière le paradoxe intrinsèque de la relation qui lie l’homme et le cheval depuis des millénaires, que ce soit dans le travail, le loisir, le sport, la représentation : le cheval, dans son rapport à l’homme, incarne à la fois liberté, instinct et spontanéité et à l’inverse évoque domination, soumission, sacrifice...

       Imaginé comme mise en abîme à propos de la construction d’une opinion, des enjeux de pouvoir et de manipulation qui y sont sous-jacents, ce spectacle propose une expérience sur la place du spectateur qui ne se limite pas à l’espace de représentation : le public est divisé en deux dès la visite des écuries qui précède le spectacle et se prolonge après la représentation par une rencontre, où les deux parties du public pourront échanger et compléter leurs visions.

Dans le temps de la représentation, le public est réparti de part et d’autre du cercle de la piste, grâce à un dispositif bi-frontal, et sa visibilité est partiellement occultée par un écran / voile et support de projection qui scinde le cercle de la piste en deux. Il sera tantôt induit, tantôt influencé, tantôt piégé : chaque côté du public sera amené à se questionner sur ce qui lui est donné à voir, aura une vision opposée de ce qui se passe sur la piste. Il devient alors actif voire réactif, se rend compte que son point de vue est tributaire de sa position dans l’espace, influencé par un discours, conditionné par des images. L’idée est de provoquer une réversibilité du propos de part et d’autre de cet écran central et de susciter le questionnement, de générer la curiosité grâce à la visibilité partiellement masquée. Le spectateur ne voyant qu’une partie de la scène, est livré à la poésie ou inversement à la violence des actes artistiques, se retrouve face à son imagination, qui termine les tableaux, qui prolonge mentalement ce qui se passe sur scène.

 Ce spectacle équivoque s’écrit avec un vocabulaire circassien qui caractérise la compagnie Jehol depuis ses débuts :  l’acrobatie, la danse, le main-à-main, les aériens, la voltige équestre, structureront la dramaturgie du spectacle et l’ambivalence de perception qu’il propose autour de cette question de la condition animale. Les corps seront support d’imaginaire, de récit :  ceux des chevaux, des acrobates, ceux des musiciens aussi : ils s’émanciperont de l’injonction au virtuose, et seront la matière première de création dans le spectacle.  Les mouvements sont filmés et retranscrits en direct, ou en différé sur l’écran de projection central, les sons peuvent être captés et rediffusés pour amplifier les questions relatives à la complicité qui lie les hommes et les chevaux, à leur progressive absence de nos vies, dans un monde où le virtuel prend le pas sur les interactions, et grignote peu à peu le vivant.

       Un des aspects majeur qui caractérisera Prohibé, est le décalage, le pas de côté qui sera opéré concernant la construction de l’opinion des spectateurs et la problématique de leur point de vue, perpétuellement questionnée pendant la représentation. Ce décalage va s’opérer dans une dimension clownesque, avec le regard extérieur et l’expérience de Bonnaventure Gacon, artiste du Cirque Trottola, pour que le rire puisse, grâce à son aspect cathartique, permettre d’aborder les sujets liés à Prohibé de manière touchante, légère, subtile, sans risquer de tomber dans le dramatique.

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